
Stéphane Babey
Edito
La machine à voyager dans le temps
Selon un rapport publié par le groupe de réflexion français The Shift Project, relayé par Le Temps (1.10), l’intelligence artificielle accroît la consommation électrique de façon incontrôlée. L’IA, imposée sans rime ni raison dans un nombre croissant de produits et services, est un gouffre à énergie et une nouvelle calamité écologique. Et tout ça la plupart du temps absolument en vain : solliciter un moteur de langage pour une futilité, image une chroniqueuse du Financial Times, « revient à allumer les projecteurs d’un stade pour chercher ses clés ».
Conséquence : les exploitants de centres de calcul construisent en masse des centrales nucléaires, des centrales à gaz et, tenez-vous bien, des centrales à charbon !
La semaine passée, Donald Trump a annoncé ouvrir des millions d’hectares à l’extraction du charbon (Le Quotidien Jurassien, 2.10), combustible fossile le plus polluant qui soit, réduisant à néant des décennies de lutte contre la hausse du CO2.
Outil absolument merveilleux et qui sait pratiquement tout faire, l’IA ajoute encore une corde à son arc en se métamorphosant en machine à voyager dans le temps.
En effet, elle va faire retourner toute notre civilisation au XVIIIe siècle, aux débuts de l’âge industriel, lorsque le charbon était nécessaire pour faire fonctionner les machines à vapeur. Mais aujourd’hui, au lieu d’actionner des presses géantes pour des aciéries ou des filatures, le charbon servira à la création de mèmes rigolos et de vidéos trop LOL pour que les gens sans aucun talent puissent quand même inonder les réseaux sociaux de leur créativité artificielle. Oui, l’air deviendra (encore plus) irrespirable, mais la prospérité des hypermilliardaires qui nous font adopter cette technologie de force n’est-elle pas à ce prix ?
Le voyage dans le temps ne devrait pas s’arrêter là. Assez rapidement, on devrait revisiter le Paléolithique, puis le Mésozoïque.
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