Vendredi 13 octobre 2023
Edito
Stéphane Babey
Le sang, la haine et l’argent
Au vu des événements au Proche-Orient, on aurait aimé illuminer nos lecteurs d’une fine analyse géopolitique sur la situation dans la région, expliquer les tenants et les aboutissants de cet inextricable sac de nœuds. Nous n’en avons hélas pas les compétences, aussi est-il préférable de nous abstenir.
Mais il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour réaliser que, quel que soit l’angle sous lequel on examine le problème, on en arrive toujours aux mêmes constatations. Des deux côtés, les civils sont ceux qui assument les conséquences funestes des décisions d’une minorité d’affairistes opportunistes et de fous de Dieu cyniques et corrompus. Les colons suprémacistes juifs comme les islamistes du Hamas ont tout intérêt à ce qu’il y ait un maximum de victimes afin qu’aucun retour en arrière ne soit possible. Et partout autour de la planète, d’autres affairistes opportunistes et fous de Dieu se frottent les mains : les fabricants d’armes, les négociateurs de matières premières, les vendeurs de pétrole, la Russie de Poutine, l’Iran des mollahs, la Syrie d’el-Assad, les fascistes évangéliques états-uniens, les djihadistes de tout poil, l’interminable armada des escrocs et profiteurs qui vivent en se nourrissant de la peur et de l’incertitude des masses, et la liste n’en finirait pas. Avec autant de gens qui ont tout à gagner des massacres, comment s’étonner que la paix soit impossible ?
Le conflit israélo-palestinien est la mère de toutes les guerres. Le feu qui brûle au cœur du monde, assurant la circulation du sang, de la haine et de l’argent dans le vieux corps malade de la civilisation. Pour alimenter la machine et perpétuer le mouvement, quelques milliers d’innocents doivent être sacrifiés régulièrement à Moloch et à Mammon, idoles ancestrales que n’ont en réalité jamais supplantées les dieux monothéistes au nom desquels on se bat.
Si c’est une guerre de religions, il s’agit de religions venues de la nuit des temps : les cultes rendus au pouvoir et à l’argent.