La SSR contre les trolls

Le conseiller fédéral Albert Rösti propose d’abaisser la redevance des médias du service public à 300 francs. Cela afin de contrer l’initiative de son propre parti qui vise à la réduire à 200 francs.

On peut certes critiquer la SSR, notamment sur ses armées de petits chefs et sa bureaucratie écrasante. Mais il faut toujours garder à l’esprit que, dans une démocratie, les médias d’Etat sont un rempart contre la désinformation qui peut provenir à la fois du secteur privé (les groupe de presse pouvant se faire le relais des lobbys) et de l’influence étrangère (propagande des dictatures ou des groupements terroristes).

Et ce n’est pas de la science-fiction, de l’alarmisme ou du complotisme. Durant les dernières élections fédérales, le très sérieux Service de renseignement de la Confédération a averti que la Russie tentait d’influencer le scrutin au moyen de fake news renforçant le narratif UDC sur les étrangers diffusées sur les réseaux sociaux. L’UDC est pro-Poutine et s’en cache de moins en moins. Il est donc de bonne guerre que le maître du Kremlin donne un coup de pouce à ses alliés suisses.

Depuis plus d’une décennie, les trolls russes sèment la discorde dans toutes les démocraties occidentales, et la Suisse ne fait pas exception malgré sa neutralité. Le monde vit dans un état de guerre de l’information permanent. Nos consciences sont constamment attaquées par des armées de bots contrôlées par des puissances étatiques ou industrielles qui ne servent que leurs propres intérêts.

Dans ce contexte, baisser la garde en réduisant les moyens d’information de la Confédération est suicidaire. Et le fait que la proposition vienne de l’UDC n’est absolument pas anodin.

Ceux qui sont tentés d’approuver la baisse de la redevance devraient regarder l’émission La fabrique du mensonge sur France 5. Ils comprendront comment l’argent public (français en l’occurrence, mais c’est la même chose) permet de lutter contre la désinformation.