Tintouin au pays de l’or noir

Publié le 20 novembre par l’ONU, le rapport sur le respect des engagements climatiques nés des Accords de Paris en 2015 est édifiant : promesses non tenues, mesures dérisoires, inertie et gabegie. Les émissions de CO2 augmentent encore tandis que tombent les records de température et que s’intensifient les fléaux. Premiers fautifs, les carburants fossiles dégageant 90 % des gaz à effet de serre. Mais les politiques ont la vue courte et les industriels le bras long.

Voilà que la COP, 28e du nom, ouvre son grand bal annuel. Discours enflammés, cris d’alarme, constats amers, appel papal… Puis la valse des intérêts croisés jouera l’air des palabres, avec pour final compromis mous, résolutions poussives, délais élastiques et déclarations vaines. D’autant qu’au désespoir des scientifiques et des défenseurs de l’environnement, la messe des promesses est célébrée en pétromonarchie dubaïote, sous la houlette du ministre local de l’Industrie et patron de la compagnie pétrolière et gazière nationale, dans des salons grouillants de lobbyistes. Pour une réduction drastique des hydrocarbures, on doit donc s’attendre à devoir attendre.

Paradoxalement, c’est de ces tares que pourraient tout de même s’esquisser quelques avancées. Pour ne pas trop donner l’impression d’une cupide imposture, voire d’un parfait braquage, les rois du pétrole emboucheront leurs olifants pour claironner leur verte vertu. Ils prôneront sans doute de reluisantes « solutions » maison pour ménager à la fois l’atmosphère et leurs profits. Pour la galerie, ils feront mine de s’intéresser aux carburants moins crasseux et aux sources d’énergie durables. Ils déverseront des pétrodollars à cet effet, et en arroseront peut-être les pays déshérités victimes du réchauffement. Ce serait déjà ça.

Quant à l’espoir d’une action planétaire, résolue, efficace et immédiate contre le changement climatique, pas de changement : poudre de perlimpinpin et poudre aux yeux, belles paroles et nouvelles promesses. Ça promet !