Vendredi 8 décembre 2023
Edito
Sébastian Dieguez
Ski faut pas entendre…
Vous comptez dévaler la montagne sur des lattes en bois accrochées aux pieds ? Drôle d’idée, mais bon, sachez que c’est possible. Il y a en effet des spécialistes qui s’occupent exactement de ça. Outre la production des lattes en question, qu’on appelle « skis » dans le jargon des experts, il y a aussi des gens qui ont des compétences très pointues dans l’« exploitation des domaines skiables ». C’est très technique, mais on va tenter de vulgariser tout ça.
Exploiter un domaine skiable, en gros, ça veut dire faire en sorte que des portions pentues de la nature, essentiellement des « montagnes », soient arrangées afin que les gens puissent y « skier », c’est-à-dire descendre à vive allure en profitant du frottement entre les « skis » et la « neige » (un élément important, il faudra y revenir). En effet, à cause de quelques fâcheuses contraintes liées aux lois de l’Univers, il n’est pour ainsi dire pas possible de monter à skis, en tout cas pas à vive allure. C’est pour cela qu’il est nécessaire d’installer des « remontées mécaniques », un dispositif technologique très subtil qui permet aux humains de retourner plus facilement en haut, une fois en bas, histoire de pouvoir descendre à nouveau.
Or les seules personnes au monde disposant des connaissances pour réaliser ce genre de choses sont des investisseurs tchèques ou américains, raison pour laquelle ils sont très demandés. Sans eux, il serait tout simplement impossible de gérer des parkings, des guichets, des queues, des assiettes de charcuterie, des hôtels, des pubs irlandais et des boîtes de nuit, en plus des montagnes et des fameuses « remontées mécaniques ». C’est quelque chose qui dépasse les capacités du commun des mortels, il faut être clair.
Voilà pourquoi l’unique moyen de s’amuser en hiver dépend entièrement d’une poignée de spécialistes étrangers, sans qui les montagnes ne serviraient strictement à rien. On frémit d’ailleurs à l’idée que toute cette neige puisse être gâchée, tant qu’il y en a.