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Numéro 605

Vendredi 19 janvier 2024

Edito

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Stéphane Babey

La mafia intégriste

Dans sa remarquable enquête publiée samedi, Le Temps lève le voile sur la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), la secte catholique bien implantée à Ecône (VS) qui revendique 600 000 adeptes dans le monde entier. Ça ne surprendra personne : les affaires de pédophilie et de violence commencent à rattraper cette communauté intégriste qui jusqu’ici avait réussi à en étouffer une bonne partie.

A la lumière de cette lecture édifiante, on comprend mieux le charme de la tradition incarnée par la FSSPX. Car le fondamentalisme catholique, ce n’est pas seulement la messe en latin, c’est surtout une impunité presque totale pour les abuseurs. Ecône, c’est le paradis des pédophiles ! Les chiffres estimés par les connaisseurs du dossier font état d’un clergé constitué à 10 % de criminels sexuels. Dans l’Eglise catholique, on se situe plutôt entre 2,5 et 5 %. Et les violeurs traditionalistes de la FSSPX sont protégés par l’institution, qui s’estime au-dessus des lois humaines.

La proximité de ces révélations avec l’étude sur l’Eglise suisse publiée l’an passé pourrait faire croire que ce sont les deux faces d’une même médaille pieuse. Rien n’est moins vrai. Le rapport de l’Université de Zurich a été commandé par l’Eglise elle-même et il recense une majorité de cas anciens. Le pape François s’est sérieusement attaqué au problème, et si les mentalités ne changent que lentement, il semble tout de même que les abus soient systématiquement dénoncés à la justice. De son côté, la FSSPX refuse d’ouvrir ses archives et continue le plus souvent à couvrir les criminels en son sein.

Qu’attendent les autorités pour faire interdire cette secte ? Malheureusement, en Suisse, la loi est particulièrement tolérante avec ce genre de groupements qui prospèrent alors qu’ils sont parfois hors la loi ailleurs. Mais si on ne peut pas agir contre Ecône en tant que secte, n’est-il pas possible de l’attaquer au nom de la lutte contre le crime organisé ?

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