Vendredi 26 janvier 2024
Edito
Sébastian Dieguez
Ce qu’il nous aura fait Maurer !
Il commençait à nous manquer. C’est qu’Ueli Maurer a accompagné notre journal depuis sa création en 2009, année où il fut intronisé conseiller fédéral. D’accord, il ne fut élu qu’au troisième tour par 122 voix contre 121, contre un type qui n’était même pas candidat, mais bon, il nous a accompagnés depuis le début et jusqu’en 2022, et franchement il nous a bien rendu service.
La substance dont se nourrit un journal satirique, c’est le ridicule. Si on ajoute à cet ingrédient primordial une bonne dose de mesquinerie, d’incompétence, de bassesse et de pure malfaisance, on a de quoi tenir. Ueli, c’est peut-être le secret de notre étonnante longévité, qui sait ?
Pendant treize ans donc, nous avons méticuleusement documenté son œuvre, à l’armée puis aux finances. En 2012, nous compilions déjà, sous forme de calendrier de l’avent, la liste de ses propos sexistes, racistes, climatosceptiques, populistes ou juste stupides. Ses deux présidences furent catastrophiques, ses courbettes devant les pires autocrates un embarras national, ses relations avec ses collègues ou homologues étrangers calamiteuses, ses projets individuels désastreux… Mais c’est sans doute Christophe Darbellay qui, en une phrase expéditive prononcée à la radio en 2014, a su le mieux cerner le personnage : « Ce type est une honte. »
Alors bon, on apprend à présent qu’Ueli Maurer utilise son temps libre de rentier à vie pour déblatérer des insanités sur la pandémie de Covid-19. Lui qui était au pouvoir à ce moment-là, lui qui a fermé les yeux sur la débâcle annoncée de Credit Suisse, lui qui a menti sur les négociations des accords-cadres européens, lui qui a tout foiré et jamais rien compris, explique à qui veut l’entendre que tout le monde avait tort, sauf lui et ses copains complotistes.
Ces derniers, bien entendu, ne se demandent pas comment un « éveillé » pareil a pu évoluer dans le saint des saints pendant si longtemps. Mais nous on sait : c’est pour nous donner de la matière ! Merci Ueli !