Vendredi 26 avril 2024
Edito
Barrigue
Mille milliards
Je ne sais pas si vous y avez aussi été attentif, mais j’ai l’impression que, par bâbord comme par tribord, le mot milliard envahit notre espace de lecture de l’actualité pour s’insérer par tous les sabords. Des milliards pour l’Ukraine et Israël. Des milliards pour les bonus de Credit Suisse. Des milliards pour sauver la planète. Des milliards de cacahuètes. Paf ! Comme s’il en pleuvait.
Dans les colonnes de Vigousse, le sémillant Laurent Flutsch nous avait brillamment démontré ce que pouvait représenter, physiquement, un milliard. Sous forme de piles de pièces de monnaie, de billets de banque ou en terrains de foot. Louable tentative de concrétisation.
Mais vous ? Avouez : avez-vous déjà croisé un milliard, dans la rue ou même ailleurs dans votre vie ? Non, hein ? Ça m’aurait étonné aussi… Ben oui, parce que sinon vous ne seriez sans doute ni abonné à, ni en train de lire Vigousse. Et Vigousse aurait quelques milliards d’abonnés, pourquoi pas ?
Question subsidiaire : à part pour Bernard Arnault, l’homme le plus riche du monde, le milliard a-t-il une morale ? Certainement pas. Le milliard ? C’est un fantasme pour le bon peuple. C’est un vide surréaliste fabriqué par la planche à billets. Ça sert à nous faire croire que nous avons un avenir. C’est une entourloupe, une escroquerie. La preuve : EuroMillions existe, EuroMilliards pas ! Toc !
Songez aux milliards de spermatozoïdes lâchés dans la nature avant l’apparition de Jésus et de Mahomet, à notre planète et sa galaxie qui auraient des milliards d’années. Vertige. En avons-nous la preuve ? Poser la question c’est ne pas pouvoir y répondre. Combien de milliards de secondes avons-nous à vivre et à aimer ? Bonne question. En revanche, des milliards d’emmerdes qui nous tombent sur la tête, c’est du concret.
Reste que pour la Suisse et nos combats démocratiques, il nous reste un espoir : que Pierre-Yves Maillard se nomme, en fait, Pierre-Yves… Milliard. Alors rêvons. Et dormons mieux.