Népotiste qui veut

Alors quoi, on ne peut plus pistonner son beau-fils, son père ou son neveu pour un job peinard à l’Etat ? Mais alors, à quoi ça sert la famille ?

Toute cette hypocrisie sur le népotisme à Genève (et ailleurs) est franchement dégoûtante. On nous rebat les oreilles depuis des siècles sur les vertus cardinales du cercle familial – « cellule de base de la société », comme disent les gens instruits –, on nous enjoint de téléphoner plus régulièrement à grand-maman, on nous force à assister à des repas de famille qui durent des plombes, on se tape tous les anniversaires de gosses qui ne savent même pas dire merci quand on leur offre un cadeau, et puis dès qu’une occasion se présente, on ne pourrait même plus s’entraider un peu pour trouver une planque en or ?

Bravo pour l’exemple. Et puis quoi ? Est-ce si étonnant que les gens compétents soient entourés de proches compétents ? Prenez Felipe VI et Charles III : pensez-vous vraiment qu’on pouvait trouver mieux préparés que ces deux-là pour reprendre l’entreprise familiale ? Rien qu’avec leurs gènes exceptionnels, personne ne pouvait rivaliser.

Mais tout cela est encore plus ridicule dans un petit pays comme le nôtre. Déjà, des familles il n’y en a pas tant que ça, et il faut bien remplir toutes ces entreprises et institutions. De plus, on a tous à peu près les mêmes gènes. Et puis il n’y a pas que les liens de sang, si on ajoute les potes, les copains, les anciens copains, les amis libanais, les maîtresses, les camarades, les créanciers, les complices, les enfants cachés, les acolytes, les confrères, les dealers, les élèves, le bassiste du groupe, les sponsors, les associés, les stagiaires, les voisins, les gars du football, la nana du fitness et tous leurs copains et proches respectifs, vous verrez qu’on a vite fait le tour.

A vrai dire, ce serait carrément suspect d’engager un inconnu sur la seule base de ses mérites. Que dirait la famille ?