Vendredi 10 mai
Edito
Stéphane Babey
Etudier le conflit
Avec sa guerre sans pitié contre Gaza, Netanyahou peut se vanter d’avoir suscité le plus grand mouvement de protestation sur les campus à travers le monde depuis la guerre du Vietnam. Même les universités suisses s’y sont mises. Chapeau, l’artiste !
Il faut dire qu’il n’a pas lésiné sur les moyens pour rendre son offensive indéfendable. Le nombre d’enfants et de civils tués par rapport aux terroristes réellement neutralisés est proprement hallucinant.
Il a réussi l’exploit de complètement annihiler la sympathie et le soutien exprimés envers Israël après la terrible attaque meurtrière du 7 octobre 2023 perpétrée par le Hamas. Et tout ce massacre pour une seule cause : la sienne. Netanyahou doit se maintenir à tout prix au pouvoir, car des procès pour corruption l’attendent s’il lâche la barre du pays.
Le vent est-il en train de tourner ? Impossible de prédire si cela sera suffisant pour qu’Israël range l’artillerie et entame des négociations. Ce qui est sûr, c’est que la stratégie habituelle pour faire taire les critiques a de plus en plus de plomb dans l’aile. Taxer chaque prise de position contre la politique belliqueuse israélienne d’antisémite devient intenable, alors qu’il apparaît que le mouvement étudiant aux Etats-Unis comprend de nombreux Juifs pacifistes.
Netanyahou et ses complices ne sont pas Israël. Pas plus que le Hamas n’est la Palestine. Et aucun des deux camps ne peut être réduit à sa religion. Il est grand temps d’extraire le débat sur ce conflit qui s’éternise de l’ornière de l’antisémitisme et de l’islamophobie. Et de s’attaquer aux hommes qui utilisent ces grands concepts pour cacher leurs exactions.