Vendredi 4 octobre
Edito
Séverine André
Balance ton transport
Comme le laisse ou non supposer le titre, il sera ici question du projet d’extension des autoroutes concocté par le Conseil fédéral dans le cadre du Programme de développement stratégique des routes nationales (PRODES, de son petit nom), lequel sera soumis à l’appréciation populaire le 24 novembre.
Si on me demandait mon avis, c’est-à-dire si je vivais dans un état démocratique où le droit de vote a cours, ou plus exactement dans lequel les ministres ne cachent pas les rapports qui contredisent leur point de vue et où la récolte de signatures ne fait pas l’objet d’une fraude ignominieuse (voyez comme on est loin du compte), eh bien je serais plutôt contre l’idée d’un élargissement des autoroutes.
Eût-il été question d’un allongement, mon opinion aurait été tout autre. Il semble en effet qu’avec la même somme – 11,6 milliards, selon les prévisions probablement fausses des auteurs – on pourrait amener nos autoroutes dans des contrées autrement plus excitantes que Sankt Margrethen, Sargans, Hergiswil ou Reichenburg. Cependant je dois bien le dire, l’un des arguments d’Albert Rösti, visage enthousiaste du projet, a emporté mon adhésion : vilipendant le réseau actuel, le monsieur articulait le chiffre de 30 000 heures d’embouteillages. Chiffre que pour ma part je ne conteste pas dans la mesure où je passe moi-même plus de 30 000 heures dans les bouchons, et ce deux fois par jour à raison de cinq fois par semaine. Il faut bien admettre que c’est chronophage.
Un autre argument, de l’opposition cette fois, m’a aussi intéressée, celui du « trafic induit », selon lequel plus les autoroutes sont séduisantes, plus les gens les utilisent. Un problème qui ne se pose pas avec les transports publics qui, en dépit de leur coût exorbitant, réussissent le pari de demeurer exemplairement rebutants. Raison pour laquelle les usagers n’y recourent qu’avec parcimonie, et en se bouchant le nez. Après, comme dit, on ne me demande pas mon avis.